ULTRA : MONDIAUX DES 100 KM A GIBRALTAR

 

Les championnats du monde et d’Europe des 100 km se dérouleront dimanche 07 novembre à Gibraltar. Près de 200 athlètes représentant une trentaine de nations fouleront un petit circuit, dont la distance n’a pas encore été officiellement fixée.

Ce contretemps exaspère les coachs des différents teams, dans l’incapacité de calculer les temps de passage au tour, en fonction de l’allure préétablie pour chaque athlète. A un moment, il était question de 22 boucles. Désormais, il n’en resterait plus que 18.

A la décharge des organisateurs, concevoir un circuit au sein d’un territoire, dont la superficie n’excède pas 6,5 km2 et qui compte plus de 4000 habitants au km2 doit relever du casse-tête.

Pour le bonheur des coureurs, en cette saison la température ne dépassera les 20°.

Toutefois, en ce lieu situé à la pointe sud de l’Espagne et où la Méditerranée relie l’océan Atlantique, les risques de vent ne sont pas exempts. Ce qui durcirait les conditions de course.

La sélection française compte 5 femmes et 6 hommes.

Que peuvent-ils espérer tant au niveau du classement par équipe, qu’au plan individuel ? Quelles sont leurs chances de médailles ?

Sur le papier les collectifs français semblent homogènes et compétitifs d’un point de vue chronométrique, au regard de leurs principaux adversaires, soit le Japon, l’Italie, la Russie, l’Allemagne et les USA. Donc, des médailles par équipes ne relèvent pas de l’utopie, ce à l’échelle mondiale et européenne.

Par contre, concernant d’éventuels podiums individuels, la tâche s’annonce plus ardue, mais pas impossible, notamment pour Régis Raymond.

Même si à la lecture du listing des inscrits, côté masculin, plusieurs concurrents alignent des temps en moins de 6h45’, voir sous les 6h30’ et si côté féminin, plusieurs filles ont déjà réalisé moins de 7h40’, un cent km comporte toujours sa part d’irrationnel et pléthore de surprises peuvent se produire le jour J.

Passage en revue de la sélection française.

 

L’équipe féminine :

 

-Magali Reymonenq : Mon dernier 100 km

Secrétaire, 41 ans, détentrice d’un record de 7h41’30’’ dès 2003, Magali, du Nice Côte d’Azur Athlétisme a remporté cette année les championnats de France en 8h21’13’’. Elle est également titulaire de l’équipe de France des 100 km depuis 11 ans.

 

 

« Ma distance de prédilection était le marathon, où j’ai porté mon record à 2h45’. A un moment j’ai senti que j’étais bridée. Quoique je fasse à l’entraînement avec toutes les contraintes que cela impliquait, je n’arrivais plus à progresser et j’ai compris que je ne parviendrais pas à sortir un chrono susceptible de me permettre d’obtenir une sélection. Alors, j’ai décidé de tenter le 100 km en 1999.

Cela a été comme une évidence, puisqu’à 25 ans j’avais participé à un 50 km et à l’arrivée je m’étais dit qu’un jour j’essaierais le 100 km. D’entrée j’ai apprécié cette discipline qui ressemble à une petite famille que l’on a plaisir de retrouver d’une épreuve à l’autre. Avec les autres copines de l’équipe je m’éclate et j’ai l’impression de revivre le temps de l’insouciance de l’adolescence.

Par rapport à Gibraltar, je n’ai attaqué la préparation qu’à partir de la mi-août, quand j’ai retrouvé de la motivation pour courir ce mondial, où je ne voulais pas aller, car avant les France ma saison a été perturbée par des problèmes personnels. Ensuite j’ai perdu mon mi-temps et j’ai dû me remettre à travailler à plein-temps. Normalement ce sera mon dernier cent km.

Je vais l’aborder en me disant que je n’ai rien à perdre. Même si je me refuse à me fixer un objectif démesuré en pensant que je vais réussir, ce que j’ai réalisé par le passé, j’espère malgré tout faire bonne figure et viser un chrono en un peu moins de 8 heures. De toute façon, je ne prendrai pas de risques, afin de ne pas mettre l’équipe en danger.

Enfin, le fait de progresser sur un petit circuit ne me perturbe pas du tout. Plusieurs fois, j’ai aimé les 100 km de Winschoten qui comportent 10 tours de 10 km, une autre fois en Allemagne ça ne m’a pas gênée d’enchaîner 20 boucles de 5 km et lors des 24 heures d’Aulnat, ça ne m’a pas dérangée plus de 200 tours d’un km »

 

-Patricia Signorio-Baldacchino : « On va vivre une nouvelle expérience »

Licenciée à Courir en Pays de Grasse, Patricia travaille chez les sapeurs-pompiers et va honorer à 47 ans, une 4e sélection aux mondiaux des 100 km et possède sur cette distance un record de 8h02’48’’, établi en 2007 à Winschoten.

 

« J’ai toujours aimé les longues distances et je suis venue aux 100 km, un peu par hasard. Auparavant j’ai couru des semis, le marathon, ou j’ai réussi un chrono de 2h51. Puis s’en est suivie une période, où je me suis adonné au trail en prenant part notamment à l’UTMB.

Après en 2007, j’ai voulu tenter un 100 km tout simplement pour vivre une expérience. C’était à Chavagnes. Au cours de cette épreuve, j’ai mené jusqu’au 85e km, avant d’être doublée par Karine Hery et de finir en 8h14’. Cette nouvelle aventure m’a plu et j’ai  décidé de persévérer.

Ce d’autant plus que suite à ce chrono, contactée par la FFA, je n’allais pas refuser une sélection à un premier championnat du monde, où j’ai terminé 13e en 8h02’48’’.

Cette année, je n’ai pas modifié ma préparation. J’ai préparé cette échéance très sérieusement depuis mars-avril avec une montée progressive au niveau du kilométrage, avant de redescendre deux semaines avant l’événement.

Comme j’ai été sélectionnée suite à mon résultat aux mondiaux de Torhout l’an passé, je n’ai pas encore eu à courir un 100 km cette saison. Par contre, le 03 octobre au titre d’un entraînement j’ai couru le Marathon du Lubéron.

Je suis vraiment heureuse à l’idée de courir à Gibraltar, mais je ne préfère pas avancer d’objectif chronométrique. Je verrai sur place en fonction du déroulement de la compétition et des conditions de course.

Aussi avec ces nombreuses boucles, on va vivre une nouvelle expérience. Donc à voir. On en reparlera le 08 novembre »

 

-Eugénie Monteil : « Je suis là pour apprendre »

Membre de l’Athlétisme Lozère, cette institutrice de 34 ans s’apprête à courir son premier championnat du monde, suite à sa 3e place décrochée aux France, où elle a pu porter son record à 8h40’27’’.

 

 

« Je suis une débutante. Ca ne fait que 7 ans que je cours et comme je n’ai jamais réellement travaillé la vitesse, je me suis tout de suite senti à l’aise sur le 100 km. En raison du rythme moins élevé que sur semi-marathon, ou marathon, sur cette distance j’ai pu trouver ma vitesse de croisière et parvenir à me dépasser. De plus, j’apprécie l’ambiance sympathique que l’on retrouve sur cette distance. Je me suis lancé en 2008, à Millau. Ensuite, en 2009 j’ai terminé en 9h26’ à Belvès et cette année, j’ai encore progressé en prenant la 3e place du championnat de France en 8h40’27’’.

Pour préparer Chavagnes, je n’ai pas suivi de préparation spécifique. Je m’y étais rendue en m’entraînant à la sensation, parce que je n’avais pas d’entraîneur. A une époque, je courais même sans montre. J’ai seulement su fin juillet, que j’allais intégrer l’équipe de France. Suite à ma sélection, Bernard Brun m’a proposée de gérer ma préparation. J’ai accepté, mais là encore comme il ne voulait pas révolutionner mon mode d’entraînement du jour au lendemain, il a simplement procéder à des ajustements et on laisse venir Gibraltar. Après, seulement il pourra mettre en place un réel programme adapté au cent km.

Voilà pourquoi ce que j’espère de ce mondial, c’est déjà d’apprendre. Lors du stage de regroupement de l’équipe de France à Feurs, dans la Loire, je me suis régalé et j’ai pris tout ce que je pouvais prendre.

A Gibraltar j’y vais également avec la volonté de m’améliorer au maximum et de vivre une belle aventure avec le groupe. Mon objectif concret va consister à me rapprocher des 8h20’, car à Chavagnes j’étais partie trop vite et je l’ai payé.

Et la configuration du circuit me plaît, parce que mes enfants seront là pour m’encourager et le fait de les voir une vingtaine de fois, ça va me booster. Pareil au niveau du staff. Et sur ce type de circuit, il y a toujours du monde, contrairement à un 100 km formé d’une ou de deux boucles et où l’on ne voit personne. Ca être super pour le moral. En plus, comme j’ai toujours été accompagnée par mon mari qui me suit en vélo, là en dépit de son absence à mes côtés, puisque les vélos sont interdits aux championnats du monde, la transition va se faire en douceur et ne sera pas vécue à l’instar d’une rupture »

 

-Christiane Lacombe : « C’est que du bonheur »

A 50 ans, Christiane de l’Athlé Saint-Julien 74 qui exerce la profession d’aide à domicile retrouve l’équipe de France qu’elle avait intégrée de 2001 à 2003. Cette année, décidée à courir un dernier 100 km pour célébrer ses 50 ans, elle avait arrêté son choix sur les championnats de France. Bien, lui en a pris. Non seulement elle décrochera la 2nde place, mais en plus elle améliorera son record et le hissera à 8h28’59’’, répondant ainsi aux critères de sélection.

 

 

 

« Je suis venue aux 100 km tout simplement. En l’en 2000 pour fêter mes 40 ans, j’avais décidé de courir un marathon. A l’arrivée, je me sentais dans un état de fraîcheur remarquable. Donc, j’ai voulu aller plus loin et tenter un cent km. En 2001, 3 mois après cette première expérience, j’étais en équipe de France et j’ai couru mon premier mondial à Cléder.

Ce que j’ai apprécié dans le cent km indépendamment de la performance, c’est l’esprit d’équipe et le désir de toujours repousser ses limites.

Pour moi cette sélection demeure une surprise. Je pensais arrêter le 15 mai, à l’issue des France de Chavagnes et courir le Marathon de New York, un projet que j’ai dû repousser à 2011.

Du coup, le fait de retrouver l’équipe de France m’encourage à continuer au-delà de ce championnat du monde. Je ne partais pas avec l’ambition d’accrocher la 2e place. En fait, il m’aura fallu près de 10 ans pour gagner une minute. Mais en début de saison, je me sentais déjà bien. J’avais remporté le Lyon Urban Trail.

Avec les copines, on va faire le maximum pour réussir ce mondial et si les conditions le permettent, j’essayerai de battre mon record, bien que la température qui peut-être avoisinera les 23° m’inquiète un peu et pour la première fois, je vais courir sur un petit circuit. Comme je pars toujours confiante, ça ne me tracasse pas du tout. J’aviserai sur place.

Ce championnat du monde je l’ai préparé comme les autres cent bornes. C’est-à-dire en restant la plus décontractée possible et en appréciant ce qui m’arrive. Je vis tout ça à fond. C’est que du bonheur »

 

 

-Anne-Cécile Fontaine : « Sur le papier une médaille individuelle n’est pas dans mes cordes »

A 39 ans, Anne-Cécile du Lunel Athlétisme, kinésithérapeute et double championne du monde des 24 heures (2009 et 2010) s’apprête à honorer sa première sélection sur 100 km. En possession d’un chrono de 8h20’31’’, elle doute d’être en mesure de jouer les premiers rôles et compte avant tout se mettre au service du collectif et faire de son mieux pour que le team remporte une médaille par équipe.

 

 

 

 

« Emmanuel, mon époux a commencé très jeune les 100 km et il a toujours attaché beaucoup d’importance aux 100 km de Millau. Quand, on s’est rencontré en 95, c’était quelques jours avant l’épreuve. Je suis allée voir et j’ai été impressionnée. En 96, on les a courus ensemble. J’ai beaucoup apprécié l’ambiance et de partager cela avec lui.

Aussi, même si mon chrono avait été loin d’être extraordinaire, je vivais la satisfaction d’avoir réussi quelque chose, qui aux yeux des gens peut apparaître inaccessible. Mais lorsque mes petites sont nées en 99, à un moment j’ai  dû arrêter.

 Mais je n’ai jamais mis le 100 km entre parenthèses pour me consacrer aux 24 heures. D’ailleurs, quand Bruno Heubi m’a demandée d’être meneuse d’allure à Millau, j’ai accepté.

Après, je suis revenu sérieusement sur cette distance en 2009. Là, en collaboration avec Jean-François Pontier, mon entraîneur, on s’est dit que ça pouvait permettre de progresser sur 24 heures. Au fond, cela c’est fait dans une optique de complément. Les deux disciplines peuvent éventuellement se nourrir l’une, l’autre. Cependant, ce n’est pas garanti. Des spécialistes de haut niveau sur 100 km, disposant d’une bonne vitesse de base ne sont jamais passés sur 24 heures. Aussi, dans une année, il est plus facile de courir un 100 km et un 24 heures, que 2 24 heures. J’aime les deux, ainsi que le trail, où je reviendrai.

A Gibraltar, mon objectif consistera à faire de mon mieux, en sachant que je n’ai pas un niveau international sur cette distance. Je vais me baser sur mon chrono de 8h20’ et si je suis bien, aux mieux je finirai en 8h05’.

Après à Gibraltar, il y a des choses qui ne me conviennent pas. Déjà, partir à 6h30’, ça ne me va pas. Egalement, il peut y avoir énormément de vent.

A l’inverse, ce circuit conçu sous la forme de nombreuses boucles, quelque part c’est un avantage, parce que Jean-François sait comment aborder la gestion de l’effort des athlètes qui tournent, que ce soit en matière d’alimentation, d’hydratation, ou encore pour compter les tours.

Toutefois une boucle mesurant plus ou moins 5 km, c’est presque un peu long. Pendant les 3, 4 premières heures se ravitailler tous les 5 km peut suffire, mais au-delà le corps a de moins en moins de réserves et 5km ça devient long, alors que la nécessité de s’alimenter augmente. Voilà pourquoi, j’emporterai sans doute un porte-bidon et une barre à la pâte d’amandes.

Par rapport à la préparation, je n’ai pas fait plus que d’habitude. A 2 sorties longues, j’ai substitué deux marathons. C’est moins lassant et je suis enfin passée sous les 3 heures. J’ai peut-être un plus travaillé la vitesse, mais j’ai fait moins de long et l’entraînement a consisté en une gestion de la fatigue, puisque j’ai repris mon emploi à plein temps. Il importe d’arriver frais au départ.

Voilà, tout ce qu’il y a à dire pour l’instant. Je pars donc dans l’idée d’une médaille collective, par que sur le papier un médaille individuelle, ça n’est pas dans mes cordes »

 

 

L’équipe masculine :

 

 

-Régis Raymond : « Il ne faudra pas s’enflammer »

A 39 ans, Régis, ouvrier métallurgiste va courir son premier championnat du monde. Non content de devenir champion de France sous les couleurs du Semur-en-Auxois Athlétisme Aventure, il a également pulvérisé son record pour l’amener à l’amener à 6h49’22’’. Un chrono de niveau international, qu’il souhaite réitérer, voir améliorer si les conditions de course sont favorables et qui pourrait peut-être lui permettre d’accéder au podium. Néanmoins, le Bourguignon du team refuse de s’enflammer et pour lui la prudence reste de mise.

 

 

 

 

« Je suis venu au 100 km par défi. J’ai effectué ma première tentative à Theillay en 2007, mais comme à cette époque je pratiquais beaucoup le trail, j’ai abandonné au 50e km parce que musculairement j’étais cuit. Passer du jour au lendemain des sentiers au bitume, ça ne pouvait pas fonctionner.

En 2008 à Chavagnes, j’ai encore connu l’échec. J’étais parti sur des bases de 6h56’, parce que l’épreuve servait de cadre à la sélection, mais victime d’une déshydratation, une fois de plus j’ai arrêté.

 Pourtant, j’ai refusé de me décourager et je me suis dit qu’au plan mental, il était impératif d’en terminer un et donc fin août, une fois de plus à Theillay, j’ai enfin fini en 7h46’. Ensuite en 2009, retour à Chavagnes, où j’ai gagné en 7h03’.

En fait, j’ai commis beaucoup d’erreurs et d’un cent km à l’autre, je les ai rectifiées et donc cette année j’ai remporté le titre grâce à l’expérience acquise.

J’apprécie cette distance en raison de l’effort qu’elle implique. A un moment le mental prend le relais du physique. Cette année à Chavagnes, j’ai été bien jusqu’au 90e km. Ensuite, il a fallu s’accrocher.

Aussi ce que j’aime bien, c’est que les cent bornes ne se limitent pas à la compétition. A côté, il existe de la convivialité. On discute, on s’encourage. Ca, on ne le retrouve plus sur des distances plus courtes.

Sur 10 km, il est de plus en plus fréquent de rencontrer des gars qui ont le melon, alors qu’ils ne valent que 34’. Je ne supporte pas ça.

A part ça l’échéance approche et je me sens bien. Après, un cent km comporte toujours une part d’incertitude.

 Le 26 septembre, histoire de voir où j’en étais, j’ai couru le Marathon de Decize dans la Nièvre et seul sur un parcours avec beaucoup de relances, j’ai fini à l’aise en 2h26’, alors que mon record est de 2h25’09’’.

Ce qui m’a également permis de mieux me préparer, c’est que suite à mon titre l’entreprise Vallourec, où je travaille m’a proposé d’aménager mes horaires. Au lieu de bosser de 5 heures à 13 heures, je fais désormais 9 heures, 13 heures, ou 13 heures, 17 heures, soit 4 heures par jour. Ce qui m’a permis de pratiquer le biquotidien et au niveau récupération, le fait de ne plus avoir à me lever à 3h30, c’est énorme.

Donc, à ce mondial je voudrais déjà confirmer, ce que j’ai réussi aux France, voir réaliser un meilleur chrono. Je pense en avoir le potentiel. Mais, il ne faudra pas s’enflammer. Je vais partir prudemment, comme lors des France.

Mais le jour J, il faudra tenir compte de l’état de la forme et le principal objectif restera de ne pas se planter, parce que je vais avoir l’honneur de représenter la France et de porter ses couleurs.

Quant à ces boucles, j’en fais abstraction. Il ne faut surtout pas penser en termes de tours, mais se dire qu’il y a 100 km à courir »  

 

 

-Christophe Buquet :   « Attention aux pièges de ce parcours »

Christophe, 47 ans travaille depuis 10 ans au Moulin Rouge en tant que comptable et responsable de la gestion du personnel. Ancien triathlète de haut niveau, maintenant licencié à Passy-sur-Eure, il est venu aux 100 km par un concours de circonstances en 2003, avant de devenir international à partir de 2008. L’an passé, lors des mondiaux de Torhout, il a repoussé les limites de son record à 6h55’45’’. Cependant, à son âge il estime qu’il lui sera difficile de faire mieux d’un point de vue chronométrique, mais malgré tout il visera une place dans le top 10, parce qu’il considère que ce parcours recèle nombre de pièges et qu’il conviendra de se « planquer le plus longtemps possible »  

 

 

 

 

« A la base je suis un triathlète, qui a cumulé 56 victoires et en 2003 par un concours de circonstances, j’ai découvert les 100 km à Millau, où je l’ai emporté. En raison de douleurs dorsales qui m’handicapaient en vélo, je ne pouvais plus être performant en triathlon et plus particulièrement en vélo. Or des collègues de travail m’ont alors suggéré de tenter les 100 km de Millau, si je me sentais à l’aise en coure à pieds et 3 semaines après mon dernier tri ironman, je me suis rendu dans la Mecque du 100 km, où j’ai vaincu en 2003 et 2004. Ensuite, j’ai opéré une coupure et tout aurait pu s’arrêter là. Mais en 2006, nouveau concours de circonstances. Thierry Guichard, un des rares Français à être passé sous les 6h30’, m’a contacté parce qu’il souhaitait monter une équipe au sein du club, en vue des France. Ainsi, il m’a relancé.

Ce que j’apprécie dans le 100 km, par rapport à d’autres disciplines, c’est l’ambiance et les gens qui ne cherchent pas d’excuses à l’infini, pour justifier leur contreperformance. S’il existe toujours des raisons pour expliquer pourquoi cela n’a pas marché, on ne peut pas mettre en cause le matériel et l’on admet toujours que ceux qui finissent devant sont les meilleurs. Point barre.

Cette année et sans entraîneur, je me suis préparé très sérieusement. En 2009, je ne souhaitais pas participer aux mondiaux, parce que je m’étais beaucoup investi dans mon travail. Toutefois, j’avais décidé de courir Belvès. Suite à ma victoire et 8 semaines avant les championnats du monde, Thierry Guichard également un des managers du 100 km auprès de la FFA m’a appelé parce que Pascal Giry, l’un des sélectionnés s’était blessé. Il m’a demandé si j’acceptais de compléter l’équipe.

Ce que j’avais fait en dépit d’une préparation limite. Pourtant, c’est à Torhout que j’ai réalisé mon meilleur chrono. Hélas, grisé par l’euphorie, j’ai pensé que je pouvais viser plus haut en suivant un entraînement sérieux. Confiant, je me suis présenté cette année à Belvès avec la volonté de partir plus vite. J’ai respecté un rythme de 15 km/h. Ce que je n’ai pas digéré. Au 70e km, j’ai payé la note. Heureusement, je possédais 20’ d’avance sur Jean-Marc Bordus, ce qui m’a permis de gérer jusqu’à l’arrivée.

Donc, cette expérience m’a refroidi et j’ai pris conscience qu’à mon âge, il me serait difficile d’espérer battre mon record et je me contenterai de cibler à Gibraltar une place dans les 10 premiers. Soit vraisemblablement un temps en moins de 7 heures.

Après, le parcours se situe en bord de mer et qu’il peut y avoir plus ou moins de vent.

Et avec ce système de boucles, il suffit d’une ou deux petites déclivités pour rendre la course difficile, du fait de la répétition. Egalement, le fait de repasser souvent devant le staff, cela pousse à relancer l’allure, ce qui n’est pas bon. En plus, en bord de mer s’il ne fait pas trop chaud, on risque ne va pas sentir venir la déshydratation en l’absence d’une sensation de soif.

Voilà pourquoi, il faudra être prudent et se planquer le plus longtemps possible »

 

 

-Jacques Hinet : "Je voudrais monter sur le podium par équipe"

Cet adjudant-chef au 2e RIMA du Mans, qui vient de signer à l’ENA Angers va vivre à 47 ans sa première sélection sur 100 km, après avoir représenté la France aux mondiaux des 24 heures. Il détient un recorde d 7h01’59’’.

 

 

« J’ai eu envie de découvrir le 100 km, suite à l’étape longue du Marathon des Sables, qui se court sur 80km. Là, j’ai constaté que j’étais capable de me lancer dans l’ultra, puisque j’avais terminé dans les 10 premiers. J’ai commencé avec les 100 km de Tahiti, gagnés en 7h54’, puis les 100 km de Chavagnes en 2005 en 7h26’ et ensuite, motivé tout s’est enchaîné.

En fin de compte l’ultra me plaît bien, parce que ça reste une spécialité, où le mental et le physique restent indissociables et en tant que militaire de carrière, ça me plaît. Nous aussi, on cherche toujours à aller au plus profond de nous-mêmes, afin de tenter de repousser nos limites.

Aussi, quand j’ai réussi 7h26’, je me suis dit qu’avec un entraînement de qualité, je vaudrais sans doute mieux et qu’il serait peut-être possible d’intégrer l’équipe de France.

Dans l’optique de ce mondial, mon entraîneur Philippe Hayer m’a proposé une préparation, plus tournée vers le marathon. Le 05 octobre, j’avais pour objectif de courir le Marathon de la Baule en 2h35’. Ce que j’ai fait. Donc mission accomplie. Et l’organisme encaisse bien les kilomètres. Au stage de regroupement de l’équipe de France, du 09 au 15 octobre, j’en ai eu la confirmation. Non seulement, je n’avais pas de problèmes pour suivre mes camarades, mais en plus, je récupérais bien.

A Gibraltar, j’espère que l’on montera sur le podium par équipe et je voudrais passer sous les 7 heures. Je partirai sur une base de 6h50’. Mais ça reste de l’ultra et comme je l’avais vécu à Brive, un rien suffit à basculer du mauvais côté. On va jouer avant tout la carte de l’équipe.

Enfin, autre avantage comme je suis habitué à tourner sur des circuits d’1 km, à l’occasion des 24 heures, cette boucle devrait me convenir, parce qu’une fois que j’aurai étalonné mon tour de circuit, j’essayerai de suivre le rythme préétabli pour chaque boucle.

 

-Pascal Giry : « J’espère apporter un max à l’équipe »

Pascal, 47 ans, électricien et informaticien à la sécurité sociale court pour l’EC Orléans Cercle Jules Ferry. En possession d’un chrono de 7h04’ réalisé à Theillay, lorsqu’il avait été sacré champion de France en 2008, il se considère essentiellement comme un équipier au service du team France.

 

 

 

« Je suis venu à la course à pieds en 2003, après avoir arrêté le vélo. D’entrée, j’ai voulu monter sur marathon, parce que je voulais m’attaquer à un mythe. Après, quand j’ai rencontré Jean-Marc Bordus, qui réside également à Orléans, j’ai eu envie de me lancer sur 100 km.

Ce que j’ai apprécié dans le 100 km, c’est la convivialité. Les gens sont sympas et humbles.

Mon objectif majeur à Gibraltar consistera à apporter un maximum à l’équipe. Il existe un bon groupe, au sein duquel règnent une bonne cohésion et une bonne ambiance.

Au plan personnel et sans prendre de risque qui nuiraient à l’équipe, j’aimerais passer sous les 7 heures. L’histoire démontre que nombre d’athlètes en équipe de France ont battu leur record, lors d’une sélection. Donc, pourquoi pas moi.

Je suis super heureux de retrouver l’équipe de France. L’an passé, blessé j’avais dû déclarer forfait et je n’avais pas pu honorer ma sélection.

En vue de ce championnat, je n’ai pas révolutionné ma préparation. Je suis juste monté un peu plus en km. Je suis passé d’un volume de 130 km hebdomadaire à des semaines à 160, parce que je savais qu’en stage on courrait tous les jours.

Enfin, relativement au circuit il ne devrait pas me perturber. Ancien cycliste, je suis habitué aux courses sur circuit. Mais, des concurrents vont prendre un tour et ça risque d’être un peu compliqué pour savoir, où l’on se situe et combien de km l’on a parcouru »

 

 

-Bernard Bretaud : « On est une bonne équipe, on peut réaliser quelque chose de bien »

A 43 ans, Bernard du Nord Vendée Athlétisme et cadre à la Poste connaît bien le monde du 100 km. Dès 2001, il a été performant en réalisant 6h50’02’’. Un temps qui à ce jour demeure toujours son record. Pourtant, à cette époque un tel chrono restait insuffisant pour prétendre à une sélection, vu le niveau compétitif des Français d’alors. Il lui faudra donc attendre 2005 pour être incorporé au sein du groupe France. A Gibraltar, il participera là à son 6e championnat du monde. Cette saison, satisfait d’avoir pris la seconde place des France en 6h58’55’’, il a décidé d’envisager le mondial en équipier dévoué, au service d’un collectif homogène.

 

 

 

« Je suis venu au 100 km par hasard. Quand je résidais dans la Creuse, je jouais au foot, mais quand je suis rentré en Vendée, j’ai arrêté. Je savais qu’il existait les 100 km de Vendée à Chavagnes et j’ai voulu tenter cette expérience en 98. J’avais réussi 8h20’sans véritable préparation.

Ce qui m’a poussé à persévérer, c’est qu’en 99 Chavagnes allait organiser le trophée mondial. Je savais qu’il y aurait de la concurrence et de l’émulation, mais mon ambition se résumait à battre le record de Vendée, placé à 7h28’ et j’ai dû finir en 7h27’30’’.

Ensuite tout s’est enchaîné avec un entraîneur, Laurent Belliot et une bonne préparation. En 2001, je suis passé sous les 7 heures avec ce chrono de 6h50’02’’. Cela m’a permis de décrocher une présélection en équipe de France. A ce titre, j’ai pris part aux mondiaux de Cléder, parce que la FFA, outre les 6 titulaires peut inscrire jusqu’à 3 coureurs supplémentaires. Mais dans l’hypothèse où j’aurais terminé parmi les 3 meilleurs Français, mon temps n’aurait pas été pris en compte pour le classement par équipe.

A l’époque, l’équipe comptait 2 coureurs avec des chronos à moins de 6h30 : Pascal Fétizon et Gilles Guichard. Plus Gilles Diehl, Bruno Blanchard et Bruno Heubi. Par rapport à eux, je me sentais un jeunot. C’est seulement en 2005 que je suis devenu titulaire, quand certains ont arrêté.

Dans le cadre de Gibraltar, je n’ai rien changé à ma préparation et j’ai pu m’entraîner sans stress.

Aussi, je suis content que le départ ait été fixé à 6h30. Pour moi qui suis du matin et qui a toujours réussi ces meilleures performances à Chavagnes, où l’on décolle carrément à 5h30, c’est de bon augure. Je vais essayer de faire moins de 7 heures pour le groupe. Je sais que l’on a une bonne équipe. Ce qui motive encore plus. Egalement, je pense que Régis Raymond notre champion de France va vraiment nous aider, parce que je crois en lui à titre individuel et qu’il va nous pousser à réussir quelque chose de bien »

 

-Eric Legat : « L’objectif est collectif »

Eric, 39 ans, du FAC Andrézieux enseigne l’EPS. Détenteur d’un record de 6h57’06’’ depuis les mondiaux 2009 de Torhout, il va concourir pour la 3e fois à ce rendez-vous international et pense également que l’équipe masculine peut gagner une médaille par équipe.

 

 

« Je ne réside pas loin de Saint-Etienne et très jeune, j’ai été fasciné par la SaintéLyon. La première fois, j’y suis allé la fleur au fusil et sans préparation, j’ai pris la 4e place. L’année d’après, j’ai réessayer en me disant que je valais mieux et au final, j’ai abandonné.

En 2006, afin d’être fin prêt pour cette épreuve fétiche, j’ai voulu courir un cent km. J’ai beaucoup apprécié ce type d’effort. J’ai décidé de continuer, parce que j’avais le sentiment que je pouvais faire mieux.

Etant jeune, c’était la première fois que j’atteignais un niveau correcte dans une discipline. Après, ce que j’aime également dans le 100 km, c’est l’aspect mental. Pendant et après l’effort, on vit des moments intenses. Voilà pourquoi, j’encourage les gens à essayer.

Là encore, je n’ai rien modifié au niveau de ma préparation. Je fais en sorte que la forme soit là au rendez-vous le jour J. Je n’ai pas d’entraîneur. J’arrive à me gérer tout seul et je crois que je dois être le seul à pouvoir me supporter.

L’objectif est par équipe. C’est dans ce domaine, que l’on connaît le plus de satisfaction et les émotions les plus fortes. Là, la sauce prend bien au sein du collectif. Mais quand on joue une médaille par équipe, on ne peut pas prendre de risques, contrairement à un athlète qui vise le titre individuel. En fait, il s’agit d’une autre course.

Toutefois, tenter de ramener une médaille par équipe ne veut pas dire qu’il faut prendre l’effort avec détachement. Sur la ligne de départ, je serai un tueur, tout en restant humble face à la distance »

 

 

 

 

VO2 sera présent dimanche à Gibraltar, afin de vous relater aux mieux cet événement

 

 

Textes et Photos : Christophe Rochotte