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Interview de Mickaël DENNIEL le 18/02/2012              




Infosport :
Bonjour Mickaël, je suis ravi de te recevoir sur infosport-Loiret. Peux-tu nous présenter rapidement ton parcours et ce qui t’a amené à la préparation mentale ?


   Mickaël
J’ai débuté avec l’athlétisme, où j’ai entrainé bénévolement des jeunes pendant 5 ans. J’ai ensuite passé un Brevet d’Etat spécialisé dans les activités de remise en forme, et depuis 16 ans j’exerce la profession d’éducateur sportif. Je travaille en salle de sport mais aussi en tant que coach particulier, et j’interviens aussi bien pour la préparation physique des sportifs que dans le cadre d’une remise en forme classique. Au fur et à mesure, je me suis rendu compte que certains blocages psychologiques pouvaient limiter la performance et empêcher l’individu d’atteindre ses objectifs. Je me suis alors formé pour avoir une approche plus psychologique avec le diplôme universitaire de préparateur mental.

Infosport :
Dans notre vie quotidienne que ce soit au travail ou dans notre vie personnelle, nous sommes tous de plus en plus soumis au stress, au carence en vitamine et à la pression, quelle technique concrète nous conseillerais-tu pour nous aider à améliorer notre gestion du stress ?


   Mickaël
Il n’y a pas de recette miracle. Je commencerais par travailler sur les origines du stress et sur ses symptômes. Chaque personne est unique et il en est de même pour la solution. Alors classiquement, on entend « Faites donc de la relaxation madame (ou monsieur) » et ça peut marcher. Mais si par exemple c’est la peur de l’échec qui est la cause du stress, cela ne suffira probablement pas. Alors si on n’arrive pas à réguler ce stress soi-même avec une pensée positive ou une musique zen, on peut faire appel à moi !
 

Infosport :
J’ai lu récemment l'interview d'un perchiste qui racontait que la visualisation occupait une grande partie de sa préparation sportive. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette technique ? Quels en sont les bénéfices ?


   Mickaël
L’imagerie mentale passe par nos canaux sensoriels (Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif) qui sont utilisés en interne pour se représenter un geste. Le sportif s’attarde souvent sur le visuel, mais il peut également y associer les sensations de vitesse, de déplacement dans l’espace, de pression au niveau des pieds ou d’un bruit qui déclenche une action, comme une perche qui rentre dans le buttoir. L’intérêt de pratiquer cette technique est qu’elle entraine les mêmes mécanismes cérébraux que dans la réalité. Ainsi, avoir une bonne représentation interne en s’appuyant sur le meilleur geste qu’on ait pu faire ou sur le geste d’un compétiteur du meilleur niveau sera très aidant pour améliorer sa pratique. Cette technique est également utilisée pour les sportifs qui sont en rééducation et qui ne peuvent pas pratiquer leur activité provisoirement.

Infosport :
Dans la vie comme en sport, je suis convaincu que notre adversaire le plus redoutable ce n’est pas celui qui est en face de nous mais bien souvent nous-mêmes. Quels sont tes conseils pour « maîtriser » notre petite voix intérieure qui nous joue parfois de bien mauvais tour ?


   Mickaël
La petite voix est souvent reliée à des éléments du passé ou à des éléments du futur. Elle dit par exemple « Mais tu as déjà raté ça » ou « c’est perdu d’avance ». Dans un cas on se place dans un état interne limitant, et dans l’autre on ne se laisse pas la possibilité de gagner. Rester dans le moment présent et accepter ce qui s’y passe est pour moi déjà très efficace pour calmer la petite voix. Cela ne veut pas dire laisser faire mais simplement que la concentration dans l’ici et maintenant permet d’aller au bout des choses.
Je me souviens du faux départ inattendu de Usain Bolt en août dernier aux championnats du monde. Il serait intéressant de savoir ce que la petite voix des autres athlètes leur disait avant que cela ne se produise, et ce qu’elle leur disait après. Je pense qu’il fallait être vraiment présent et bien concentré pour aller jusqu’au bout de cette course. Le discours interne idéal étant « Je suis là pour gagner », quoi qu’il se passe.
Enfin, il existe des moyens de travailler sur ce discours interne pour le rendre positif, donc tout n’est pas perdu !


Infosport :
Parlons un peu de ton métier à présent. Comment se passe une séance de travail avec les sportifs que tu coaches ?


   Mickaël
Une séance en préparation mentale se passe sous la forme d’un entretien individuel ou collectif selon le sport. Les techniques sont variées puisqu’il est possible de travailler à partir de sophrologie ou de relaxation, de PNL, d’imagerie, d’évaluations faites par des questionnaires ou de simples discussions. On peut travailler au calme à l’abri des regards indiscrets mais aussi sur le terrain avec l’athlète, seul ou accompagné de l’entraîneur. La confidentialité et le non jugement sont deux principes de base dans ma façon de travailler. Enfin, lorsque j’accompagne un sportif je ne travaille qu’à partir des ressources dont il dispose et avec comme objectif de le rendre autonome le plus rapidement possible.

Infosport :
On a tous des coups de pompe passagers (fatigue, baisse de motivation, lassitude …) quels conseils pourrais-tu donner pour retrouver la pêche grâce à la préparation mentale.


   Mickaël
Dans le domaine de la motivation, la détermination d’objectif est sûrement ce qu’il y a de plus aidant. Inciter les sportifs à mettre en relief un objectif, un but à atteindre peut redonner de l’élan pour continuer d’avancer, pour aller encore plus loin. La préparation mentale sert aussi à ça.


Infosport :
Y a-t-il des sports où le mental joue un rôle plus important que dans d'autres disciplines ?


   Mickaël
Le mental fait partie intégrante de la performance, avec la technique et le physique, et il est important dans toutes les disciplines, ce sont seulement les besoins des sportifs qui changent. Globalement, les points communs sont le développement de la confiance en soi, la gestion du stress, l’amélioration du geste par les techniques d’imagerie. Spécifiquement, la cohésion de groupe sera importante en sport collectif, pour un coureur d’ultra ce sera peut-être la gestion de la course avec ses caps difficiles, et pour un tireur sportif il faudra mettre le mental au service de la performance car il occupe beaucoup d’espace du fait que l’activité est statique.

Infosport :
Est-ce que le coaching mental est récent en France ?


   Mickaël 
En France, dans le domaine du mental, un des points de départ fut la création de la Société Française de Psychologie du Sport en 1967. Dans la même période beaucoup de choses se sont développées en parallèle, comme la PNL et la Sophrologie. Depuis la fin des années 90 cela s’est bien accéléré sous l’influence américaine. Aujourd’hui la préparation mentale qui, je le rappelle, a pour but le développement des aptitudes psychologiques reliées à la performance ainsi que l’épanouissement des sportifs dans leur discipline, est de plus en plus présente et s’avère être un facteur aidant pour la réussite.

Infosport :
Si on prend un exemple récent, la préparation psychologique des rugbymen français avant le match d'ouverture de la Coupe du monde a été critiquée. Que penses-tu de cette quasi-absence de coaching mental ?


   Mickaël
Je ne peux pas porter de jugement sur le déroulement de la préparation des rugbymen français, parce que je pense que pour émettre un jugement sur une situation il faut la vivre. Et il se trouve que je ne faisais pas partie du staff de l’Equipe de France de Rugby. Malheureusement…
Je peux simplement te redire que le mental fait partie intégrante de la performance, au même titre que la technique ou le physique, et que l’oublier à haut niveau serait plutôt limitant.


 


 

 

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